KikouBlog de Epytafe - Janvier 2009
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R.I.P. Ron

Par Epytafe - 09-01-2009 23:57:30 - 5 commentaires

Le premier juin 2007, après une après-midi classique passée à écluser quelques bières dans la boue, sous une petite pluie froide de fin de printemps, nous voilà 2 ou 3000 réunis sous une tente, une tente de cirque. L’atmosphère se réchauffe rapidement, les cris fusent, les sifflets aussi. Enfin, arrive celui que toutes et tous attendent, l’amuseur publique dans toute sa dimension tragi-comique. Celui qui depuis juste 40 ans arrive à donner l’illusion que tout peut arriver lors de ses shows, celui qui depuis 40 ans arrive à nous faire croire qu’il livre devant nous son dernier combat, son baroud d’honneur, son dernier souffle. 

 

Je parle d’Iggy Pop bien sûr, cet espèce de squelette ambulant, à mi-chemin entre le zombie, l’athlète, le squelette et le junkie. Sorte de boule de nerf qui hurle depuis tant d’années ses même rengaines avec toujours la même puissance, la même énergie, le corps marqué des cicatrices du Rock’n’Roll le plus pur, basique, brillant et froid comme un acier poli. Le show sera à la hauteur, comme toujours. 90 minutes de folie, d’hystérie, de débauche. Un peu calculé sûr, mais rien à voir avec la Gore attitude millimétrée d’un Marylin Manson. Ici, le Rock est pur car impulsif, organique, insisif, spontané, instinctif. 

 

Depuis 2003, les accords un peu trop heavy de l’Iguane ont fait place à un son plus sale, plus grunge, punk quoi. Le rêve que caressait tout vrai fan de rock s’est en effet enfin réalisé, les Stooges se sont reformés. Les Stooges… Sans eux, point de punk, donc point de new wave, donc point d’électro… A la base de tout les Stooges ! A une époque où les Beatles chantait le St-Peppers, où les Doors et le Floyd émergeait, où Deep Purple sortait son premier album sans Ian Gillian, une voix à Detroit hurlait un hymne sado-maso, une complainte animale jetée en pâture à quelques adolescents désenchantés qui ne suivaient pas la mode et l’espoir de l’été de l’amour. Le maître du show était certes Iggy en personne, totalement déchaîné, qui parfois se roulait dans le verre, le sang ou la merde, finissait nu sur scène ou aux urgences d’une ville américaine quelconque.  

 

Mais derrière Iggy, il y avait les Stooges et parfois Steve Mackay au sax qui venait ajouter une petite touche free Jazz au chaos. Ron Asheton tenait la guitare, Ron Asheton c’est le gros, celui dont on se moque, celui qui court moins vite, donc celui qui prenait les coups. C’est aussi celui qui a eu ce son, ce son lourd, malsain, sale, gras, puant, un peu le cambouis de l’époque. Sans Ron, pas de son Stooges, donc pas de Punk, pas de New Wave… pourtant, lors de la reformation des Stooges, le public a découvert que ce son unique, ce son qui te cisaille les entrailles pour arriver directement à ton âme, ce son est produit par un américain grassouillet aux grosses lunettes, à la coupe de cheveux bien sage qui ressemble plus à un agent d’assurance qui attend la retraite vêtu par accident d’une veste en treillis qu’à un monument du Rock’n’Roll.  

 

Ron a été retrouvé mort chez lui le 6 janvier, il était mort depuis plusieurs jours, on ne saura peut-être même pas dater précisément l’année de sa mort. Il était tout seul et n’attendait personne. 

Merci Ron pour ces quelques accords, toujours les mêmes, mais joués avec un son si personnel, avec une patte unique.

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